Les troupes de montagne, force d'élite et avantage tactique pour le Hezbollah et l'Armée Libanaise

Un message dissuasif des forces spéciales du Hezbollah depuis les sommets enneigés du Liban

Le Liban dispose d’un avantage géographique unique dans le Machrek arabe qui est le terrain montagneux accidenté et imposant. Les chaînes de montagnes occidentales et orientales et les hautes plaines constituent de 70 à 80 % de la superficie du pays. Les sommets du Liban, comme le sommet de Qornet al-Sawda, atteignent une hauteur de plus de 3080 mètres. Ce qui donne à ces montagnes une signification particulière, c'est qu'elles sont habitées malgré le climat difficile et les neiges annuelles. Vous trouverez de nombreux villages et villes à des altitudes supérieures à 1800 mètres, car le Liban est sous pression démographique et une forte densité de population en raison de sa petite superficie

Quiconque est libanais ou connaît bien le Pays du Cèdre, se rend compte que cette géographie a donné au Liban un avantage défensif dont il a bénéficié tout au long de l'histoire. Dès lors, il n'est pas surprenant pour l'observateur que les Forces armées libanaises que ce soit l’Armée ou la Résistance, disposent d’unités de combat de montagne, pour profiter du refuge et du secret qu'offre l'environnement montagneux dans les déplacements, la facilité de camouflage ou la vitesse de déplacement sur la neige. La majorité des armées modernes des pays froids possèdent ce type d'unités spéciales d’infanterie de montagne, dont les plus célèbres sont les régiments de chasseurs alpins par en France, et elle les considère comme l'une des meilleures forces d'élite qu'elles possèdent.

Bien sûr, cela ne s'applique pas aux armées de la région arabe, à l'exception du Liban et du Maroc. Quant au Yémen, il a un climat différent et ses montagnes ne sont pas couvertes de neige.

Des images et des enregistrements diffusés par le Hezbollah, des manœuvres et de l'entraînement des forces de combat en montagne ont suscité l'étonnement et l'inquiétude de l'état-major de l'armée israélienne, coïncidant avec la publication par l'armée libanaise, de clips similaires de ses membres dans un cadre tactique similaire.

Cependant, certains commentateurs ont prétendu que ce type de formation militaire est nouveau dans la région. Cela ne tient pas compte de l'histoire militaire du Liban et de l'Armée Libanaise. La Compagnie de Combat de Montagne a été créée le 11 février 1998 et était liée au Commandement d'Etat-Major de l'Armée pour les Opérations, jusqu'à ce qu'elle soit rattachée au Régiment de Commandos en tant que groupe organique en avril 1999. Plus tard, une deuxième compagnie similaire a été créée jusqu'à ce que ces unités s’intègrent dans un Bataillon de Combat de Montagne, en formant une troisième compagnie.

Ces formations sont certainement bien connues de l'armée et du renseignement de l'État hébreu, et ils n'ont pas été surpris par la découverte de ces unités, mais la diffusion de ces clips à ce moment-là, c'est-à-dire coïncidant avec le discours dissuasif du secrétaire général du Hezbollah, le Sayed Hassan Nasrallah, a semé la confusion et le débat dans les médias sionistes.

Ce qui a attiré l'attention des analystes israéliens, c'est que la Résistance Libanaise maintient généralement soigneusement le secret sur ses forces spéciales. Malgré la renommée de l'unité Radwan, les Israéliens ignorent tout sur elle, à part qu’elle leur a causé beaucoup de torts. La même situation s'applique davantage à certaines unités d'élite, comme les plongeurs de combat ou ce qu'on appelait avant les hommes-grenouilles, et les unités aéroportées qui ont infiltré la Palestine occupée avec des ailes planantes, c'est-à-dire des parapentes.

Comme je l'ai dit dans au début de l’article, la nature montagneuse donne au Liban un avantage défensif, mais comme les zones montagneuses forment également les frontières naturelles, cela donne également à la résistance un avantage offensif. Imaginez à quel point il est facile pour ces unités de s'infiltrer dans les hauteurs de Galilée en Palestine à travers les montagnes et les collines communes, et imaginez la vitesse de ces mouvements grâce à des skis, des motoneiges et des engins spécialisés tels que les quads.

Il est difficile de connaître le cursus de formation des unités de montagne du Hezbollah, qui sont affiliées, peut-être à la Force Radwan ou forment une autre faction indépendante. Mais si l'on se réfère aux Compagnies de Combat en Montagne du Régiment des Commandos de l'armée libanaise, on peut en déduire le type de missions ou d'entraînements et de spécialisations effectués par les éléments de la compagnie.

Les éléments de la Compagnie de Combat en Montagne suivent progressivement plusieurs stages qui sont :

Cours d'initiation au ski militaire, d'une durée de huit semaines. Le cours comprend des enseignements théoriques et pratiques sur les techniques de ski et de ski militaire, les méthodes de transport et d'abri dans la neige, l'évacuation sanitaire, la pratique du tir en zones et hauteurs enneigées, la formation tactique en reconnaissance et des patrouilles d'embuscade et l'établissement de centres de combat dans les zones enneigées.

Un cours de base en escalade militaire d'une durée de cinq semaines et comprenant plusieurs leçons, y compris les techniques d'escalade, les techniques de précaution et de sécurité lors de l'escalade, les nœuds et leurs types, la préparation et la traversée des sentiers de montagne, les méthodes de transport dans les zones montagneuses accidentées, les évacuations sanitaires depuis les rochers et falaises

Le parcours du commandant d'un groupement montagneux s'étend en deux phases (hiver et été), chacune d'environ trois semaines

Stage tactique en combat en montagne (hiver et été), ce stage est une formation globale qui comprend des techniques spécifiques aux zones montagneuses, qui ont été enseignées lors des cours de base et comment les appliquer en exercices tactiques en montagne, durant les saisons d'hiver et d'été

Parmi les missions dans les montagnes, il y a la réalisation d'embuscades pour l'ennemi et des raids sur des endroits éloignés pour les détruire, en plus de la reconnaissance en profondeur, de la surveillance, de la protection et de la couverture du travail des unités amies, de la surveillance des routes et les raids.